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Théâtre

Fear and Greed : Gravel is my man (bis)

nelson mederik

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Merci à Facebook… pareille date, l’an dernier, mon statut :

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And again

L’expérience, la découverte, l’enthousiasme, le faberglaste et la quote emballée… tout y était jeudi soir à l’Usine C. Avec Fear and Greed, la nouvelle création de Frédérique Gravel (toujours accompagné des musiciens de feu que sont Philippe Brault, José Major, Jean-Luc Huet), Gravel reprend la conversation entamée avec Some hope for the Bastard et le sentiment que rien n’a changé et pourtant… tout depuis notre dernière rencontre, et cela fait le plus grand bien.

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Érection spirituelle de groupe

Avec ce qui ne reste plus à sauver, à danser ses échecs, aux conversations de sourds, à s’engourdir le dedans avec la musique loud et live… nous avons été nombreux lors de la représentation à être dans ce sentimement de too late mais ensemble, à accepter ce voyage de « jusqu’au bout », à vouloir continuer de dire le « pas toujours beau ». Pis c’était beau.

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La finitude des choses

3 états, 3 tableaux, 3 profondeurs de désespoir, de constats… allez savoir. Gravel nous offre et nous accompagne, sans jugement aucun, dans l’exploration et l’exposition de ses failles, de ces faiblesses si communes et pourtant si vilaines à montrer à la face du monde. Tantôt se déliant et se mouvant plus harmonieusement avec les airs classiques lointains, ici très touchant et vulnérable avec sa complainte country, on aime toujours cette scénographie éparse et en construction, “dans le chemin” et en évolution.

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“There’s no where else far from here”

Il nous transporte, dans le second tableau “état second” dans ce monde quasi aquatique, intérieur… s’y perdre, s’y noyer… sans l’ombre, la lumière ne peut exister… puis la chorégraphie et l’arrivée en intensité des musiciens nous le rappellent. L’addition des instruments, des décibels et de la confiance, la force que prend le corps de Gravel pour dire, pour évacuer, nous immerge dans nos weaknesses abyssales!

La haine

Je veux une réponse, je veux un écho. De la haine? Oui j’en ai beaucoup".

Tout au plus une vingtaine de phrases sont échangées entre ces deux personnages abstraits-absents mais sur qui ont pourrait mettre des prénoms familiers. Ici simples prétextes à lier l’extériorisation et l’exaspération… ou l’absurdité de ceux qui nous entourent quand on essaie de donner du sens à ce qui n’en a pas-plus?

Y en a-t-il encore, d’ailleurs?

“Arrête de montrer qu’on peut encore vivre, désespère, arrête de faire des miracles chaque jour, change d’idées”

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La finale, touchante, longue et exténuante offre ce mantra presque solennel, cet hymne chanté “You don’t care but I do” donne juste ce qu’il faut d’arrière goût de party qui a mal viré, de constat d’échecs, toujours sans jugement, juste un état de faits objectif. S’être débattu autant, pour en arriver à ce résultat. Le partage du poids des choses et des réalités les rendent un peu moins lourdes si elles pèsent un peu sur nous tous, non?

Et puisque tous nous le souhaitons ardemment mais que personne n’ose le formuler… À quand la compil’ de Gravel ??

Voici en quelques images et mouvements juste ici.

Errances... Le cœur de Mélanie Binette

nelson mederik

@Patrick Ma.

@Patrick Ma.

Extrait du site Au Milieu de Nul Part… détails de la performance proposée :

Le 12 décembre 2002, un homme succombe à une crise cardiaque devant le parvis intérieur du Théâtre Maisonneuve. 17 ans plus tard, sa fille, l’artiste Mélanie Binette, décide de revisiter le deuil de son père en créant une performance in situ pour un.e spectateur-trice à la fois. Errances interroge la façon dont le deuil s’inscrit dans la ville, la mémoire de l’intime se fondant dans l’espace public. Un parc, un édifice, une envolée de marches peuvent nous rappeler un défunt. Quel intérêt avons-nous à y retourner par la suite, comme sous la forme d’un rituel païen? L’artiste guide chaque spectateur-trice main dans la main à travers un parcours audio, un dispositif immersif mixant l’environnement sonore en direct avec le texte de la performance. Les spectateurs-trices redécouvrent ce lieu fondateur de la vie montréalaise en y épluchant les différentes couches d’histoires enfouies sous le parquet du complexe culturel. Le souvenir de la dernière marche d’un homme pourra-t-il éclairer le passage du temps, rappeler ce qui a disparu de ce site?


@Audrey Desrosiers

@Audrey Desrosiers

L’intimité au creux de la main. La sienne.

Mélanie m’attendait sur son banc. Juste moi. Heureuse à l’idée de vivre cette performance, j’étais fébrile. Calme, à l’écoute et rassurante, quelques consignes. Faciles, instinctives.

Puis elle pris ma main.

Ça donne le ton.

D’emblée, faut être fichuement à l’aise avec l’intimité… je ne savais pas encore qu’elle allait aller beaucoup plus profondément dans son-notre intimité. Nous partager du vulnérable-vrai et nous y conduire avec bienveillance.

J’accepte le pèlerinage.

@Audrey Desrosiers

@Audrey Desrosiers

Vit-on le futur en continu?

“Le passé est précieux parce qu'il est difficile à saisir ; on l'agrippe que par fragments. Tandis que notre expérience du futur est sans interruption : c'est un récit imaginaire qui se renouvelle constamment. Un temps. Parfois, le passé est pris dans un cycle qui nous empêche d'avancer. Une boucle qui nous piège sous le poids de l'existence. La ville étale son béton au-dessus de nos têtes, matériau ambivalent devant un passé qui s'érode et un futur qui se réinvente. Nous nous dressons devant le flux du présent à chercher du sens, à éviter la mort ; la nôtre tout comme celle des autres.”

Guidée de sa voix, cette procession nous emmène dans ce parcours imaginé-rythmé où il nous n’est possible que par la magie de cette performance de vivre ces mémoires douces, ces moments précieux passés dans cette ville qu’elle connait de cœur, qu’elle a habité avec son Père. Les odeurs, les passants qui deviennent acteurs du moment, les ados faisant chanter le piano publique… tout semble s’animer pour donner corps à ce récit. En utilisant la vie et la ville, ce lieu gardien d’une partie de son cœur semble accepter de se dévoiler, laissant cette petite ouverture dans laquelle elle nous invite à traverser.

Un serrement de main… on marche.

Lève les yeux, observe.

Autre serrement de main. On marche.

La démarche semble “on point ”. Comprendre ce passé partagé, chéri, aimé, pour saisir l’immense cratère que laissera cette fin que l’on connait déjà. Puis, en déambulant, on comprend l’importance de ces étapes dans le deuil. La construction de l’autour qui donne de la réalité au dedans. Étudié, repassé, remarché, repensé… A t-elle eu besoin de le revivre autant pour parvenir à y voir plus clair?

Mon père que je cherche mais ne trouve plus ”. Elle me dira plus tard avoir fait le trajet-perfo avec sa mère la veille, ce qui m’émeut immensément. Rituel guérison du gros ensemble-doux pis de la catharsis en masse. C’est touchant. Elle est belle, humaine, vraie, généreuse, sensible. Sa voix m’habita longtemps après la séance. Je pense que cette performance s’apprécie en longueur, avec du temps (bien entendu en le vivant avec elle, mais… aussi ensuite). De retour dans notre vulnérabilité et notre intimité.

@Audrey Desrosiers

@Audrey Desrosiers

Rendre les lieux compréhensibles, comme un acte ritualisé pour répondre à ce besoin de sens du deuil à poursuivre.

Est-ce un besoin d’enfant, d’avoir besoin de comprendre, de donner du sens, de trouver du sens… Seraient-ce ces besoins qui la guidèrent dans son parcours artistique ensuite ? N’est-ce pas un besoin commun, de faire comprendre à l’autre ce par quoi nous passons, ce besoin de partage émotionnel, de notre réalité… Les étapes « du deuil » se sont étalées pendant plus de cinq ans. Plusieurs années de recul post événement ont dû passer. Les autres besoins sont restés. La proposition est née.

La Place des Arts toute en poésie, en innovations explorées comme dernier lieu de repos, expliquée avec un regard questionnant et généreux. Un père en architecture émotionnelle de vie, une ville comme base à la sienne, ce mariage est réellement bouleversant.

@Audrey Desrosiers

@Audrey Desrosiers

« On m’a amputée de mon père… j’ai dû réapprendre à marcher », ce qu’elle nous propose… en l’accompagnant par la main.

Très touchant également, l’absence de jugement sur leur relation et ses liens qui vivaient entre elle et son père. À aucun moment, elle verse dans le mélodrame, c’est très digne, presque Universel ! Elle nous offre son trajet personnel, mais dans ce que ses émotions peuvent offrir, démontrer et vivre en nous.

Être sur ces lieux avec elle, dans une proposition où souvent nous avons entendu : « les spectateurs n’ont pas besoin d‘être pris par la main ». Et ben, oui parfois !

@Audrey Desrosiers

@Audrey Desrosiers


Elle poursuit ses processions jusqu’en novembre… Elle se sera immergée au total 120 fois… avec nous, avec vous… Je ne saurais suffisamment vous recommander d’aller vivre cette grande expérience !

Du 16 octobre au 24 novembre, 4 fois par jour, un.e spectateur-trice à la fois

du mercredi au vendredi: 16h, 17h30, 19h30, 21h

samedi et dimanche: 14h, 15h30, 17h30, 19h

Instant Community, Peter Quantz

nelson mederik

The crowed was gathered in the café area of the Wilder socializing until a staff member came to warn us that the show was about to begin. She gave us a few instructions as she guided us to the performance space; “please check your coats, go up the elevator to the fourth floor, down a set of stairs, remove your shoes, wait here.”

We all followed the steps carefully and waited on the other side of a thick black velvet curtain, curious to see what will happen next. That process almost felt as if we were the one about to perform, waiting in the bleachers for our turn to go on stage, and actually that was not so far from the truth.

Once we were invited to come in, we discovered a rectangular room that had been made smaller with the help of the black velvet curtains. There were no seats, just an empty space. It was dark. Images of the tree leaves were being projected on the floor and a soundscape of nature and bird chants could be heard.

There was a pile of iPads on the floor and as I approached closer, I quickly realized that the images seen on the floor and the sounds heard in the room came from what was displayed on the iPads’ screens. The projector was on a trolley and a man that I thought was a “tech guy” was handling it. Two men were seated on the floor playing on either their phone or a tablet, and I was not sure whether they were the dancers or part of the audience.

The crowd shyly took place in front of the two seated man, unsure of where to sit, or if we even had to sit. That uncertainty kept everyone alert and ready. Nothing had really begun yet and I already had a feeling my perceptions were being played with. I liked it.

The performers started talking to each other in a very natural and non-theatrical manner, they moved into space in the same demeanor as if they were not performing and we were not there. They were playing around with the iPads, changing the images displayed, realigning them on the floor. It seemed as if we were witnessing part of the creative process, some sort of experimentation but we were not part of it and I was so curious to understand what they were doing.

Then, they gave a few of the iPads to some audience members, I was one of them, I was thrilled. I watched the video for a while and when I lifted my head from the screen, a lot had happened. All the remaining tablets had been aligned against a different wall and most of the audience was standing and had displaced to observe the new set up. I was so captivated by the screen that I had missed all the changes. I then stood up to join the rest of the group. I was impressed! In the stealthiest fashion, and within a few minutes only, they had managed to implant reflections in me about our relationship with technology and screens.

How much am I missing in real life when I am so focused on my phone? In addition to that, they had gotten the whole group up on their feet, had them completely reorganized in space, and had them physically involved with the work. That had set the tone for the show, and from that moment, everybody remained standing until the very last scene were again very subtly, they brought everybody back into sitting.

 

Their performance involved the performers themselves and their bodies, sound, the iPads and their cameras, the projectors that would project everything in real time, and the audience members. They manipulated all the equipment themselves (there was no actual “tech guy”, he was a dancer) and were taking turns at who was being in front of the camera, who was filming, who was handling the projector, who was blending in the audience. When our attention was focused on one thing, something else was preparing in the background.

People would gradually be noticing until that new scene became more attractive and everyone’s attention would shift. With each new tableau, the use of technology was very clever, and it was always presented in ways to make us reflect on and identify with the work. Some scenes were questioning how we present ourselves and interact with others through technology, other made me question why we are sometimes so attracted to screens that we stop watching what is happening in real life.

Others, completely blurred the lines between performers and the audience, allowing us to interact directly with them. In addition to bringing reflections and being so smartly structured and woven together, it was also very entertaining and fun. It was so relatable that in several accounts I began laughing out loud in the middle of the crowd. It was by far one of the most interesting and refreshing performances I had seen in a long time!

 

FTA et La conférence des choses

nelson mederik

La conférence des choses

Le Festival Transamérique FTA propose chaque année une programmation à faire rougir et rêver. Cette année j'ai eu la chance de vivre "La conférence des choses" par François Gremaud et Pierre Mifsud, de 2B compagnie. 

Je vous incère la bande-annonce officielle

Vous devez faire vite car les 6 représentations suivantes risquent de se remplir vitesse grand V. Sachez également que même si le spectacle annonce complet, en vous présentant à la porte une heure avant, vous avez des chances d'avoir des billets. Je vous jure, la dernière fois, je croyais que tout était perdu pour le plus récent Castelucci et j'ai eu mes billets !!! Je vous en parlais ici. 

Ce qu'ils en ont dit : 

« Cinquante-trois minutes trente-trois de bonheur. (…) Une sorte de vertige verbal, qui enroule un sujet sur un autre avec une ivresse obsessionnelle, un art de la digression irrésistible, et provoque un sentiment totalement jouissif. »

Fabienne Darge, Le Monde

***

« Jouissif et imperceptiblement drôle »

Anne Diatkine, Libération

***

« Tout ce qu'on rêve de voir au théâtre. Un vrai tour de force. »

Joëlle Gayot, France Culture

Bref, la marche était haute ! Rares sont les moments transfiguratifs au théâtre et je chérie chaque seconde où la magie opère. Le format de ce spectacle prend parfois jusqu'à 8h, la représentation que j'ai vu faisait 53 minutes 33 secondes ! Les 6 représentations seront toutes différentes et la grande finale qu'il nous présente, culminera avec un grand marathon de 6h, comme le FTA se plait de nous offrir parfois. 

 

Thématiques

L'accès aux savoirs nous rend t-il plus sot ? culture élitiste versus culture populaire,  cultiver l'idiotie dans le sens de toujours parvenir à s'émerveiller de tout, avoir soif de tout... Avec un comédien seul en scène, avec une mise en scène minimaliste, ses talents de conteur au sens le plus noble sont portés par cet immense talent que l'on devine  d'un acteur physique. Il semble presque se retenir pour ne pas voler la vedette au texte. 

De fil en aiguille, sans que l'on en perçoive les ficelles, il nous fabrique/tricotte  un voyage à travers ce flow d'histoires, de connaissances transmises comme le bon oncle si passionné d'histoire que j'ai la chance de connaître personnellement. "C'est intéressant d'ailleurs...justement..." et tu sais que tu auras encore droit à une histoire rocambolesque sans fin. 

La puissance du texte et du jeu nous offre des images plus réelles que nature, une précision de la langue qui rend l'écoute jouissivement enfantine (les déroutes ne nous permettent pas de prévoir où il nous amène et où seront les chutes ce qui nous replace en spectateur enfant) et c'est délicieux ! 

 

La foule était "bon enfant" et rieuse, à ma grande surprise et au plaisir du comédien. Y aura t-il quelques cocktails ou un bon verre de vin pour la grande finale de 6h ? Je crois que le format du spectacle le permet. Le comédien interagit souvent avec le public (très fier était le monsieur qui a su donner quelques bonnes réponses) et les lumières restent allumées pour que l'interaction soit encouragée et possible. 

 

Se saouler de savoir

Mais pas que. Il a bien étudié Wikipédia pour parvenir à nous livrer ces informations pertinentes et approfondies mais nul ne peut s'improviser transmetteur d'une telle qualité que lui ce soir. Sans la passion, les gestes, la fougue, l'amour, les émotions, la foule qui réagit...tout ce savoir n'aurait été que quelques mots sur un bout de papier. L'ivresse vient avec le temps, si bien qu'après ces trop rapides quelques minutes, nous commençions tout juste à vouloir plonger avec lui. 

Oui, je vais courir acheter mon billet pour la grande finale ! 

Un train de pensées qui file à toute vitesse et qui s'assure de ne laisser personne derrière ! Longue vie aux créateurs de 2B et à ces moments précieux que devrait toujours contenir le théâtre ! 

Je vous ajoute le lien pour voir la programmation du FTA, c'est un incontournable de 2017 ! Bonnes découvertes !!!

Audrey Desrosiers

J'ai vu "You will remember me" au théâtre Centaur !

nelson mederik

Source site Centor theater

Présentée jusqu'au 2 avril 2017 au théâtre Centaur, la pièce "You will remember me" (titre original en français: Tu te souviendras de moi) écrite par François Archambault, mise en scène par Roy Surette vous attend ! 

Ceci devrait vous mettre en appétit : 

Quelle évidence que d'aborder la démence, en occurrence ici l'Alzheimer et tout ce qui ébranle le noyau familial. Le couple qui doit faire le deuil d'une vieillesse paisible, les enfants qui témoignent des pertes toujours plus grandes, les conjoints autour...Réalité que beaucoup vivent et vivront. Sujet large et multidimensionnel, par où tenter de l'aborder puisque beaucoup de choses se sont déjà dites et montrées sur le sujet, pourquoi en faire une pièce de théâtre ? 

 

Humour de situations...mais drôle pour qui !

Je dois d'emblée poser les bases, j'évolue auprès des personnes souffrant de démence depuis les 8 dernières années. Donc ma lunette était peut-être plus critique que celle du public, j'aurais aimé savoir si des gens dans la salle vivaient en ce moment cette réalité. Archambault par ses choix d'écriture, met en lumière le coté drôle des premières situations, des premières pertes, des premières absences...le conjoint qui devient fatigué, irritable, cette complicité gagnée au fil des ans entre eux deux, ce couple désormais passé le 3e âge, qui donne lieu à des répliques cinglantes, des attentes non comblées et la mise en mots des limites de chacun. 

 

Départ

Le couple, en début de pièce et en fin de chemin de vie est réalistement interprété. Nous pouvons aisément identifier notre entourage à ce que l'on voit. Lui, érudit ancien enseignant, elle, supportante mais au bord du précipice. Était-ce une erreur d'avoir poursuivi parfois à gros traits le coté amusant qui peut émerger de cette maladie, pendant plus de la moitié de la pièce ? Je le crois. Le public cependant semblait s'accrocher à ces moments.  Peut-être le sujet étant à ce point délicat pour eux. On reconnait l'écriture parfois snapy d'Archambault, les perles ici et là. À force de répétitions de ce grand René Lévesque, Édouard le personnage principal fini par en prendre les traits. 

Très touchant développement de personnage qu'est Edouard (joué par Jean Marchand), l'homme atteint; fier, empli de ce savoir si cher à ses yeux, la dégringolade n'est que plus terrible pour lui. Nous pouvons le voir s'accrocher désespérémment à ses bribes d'envolées lyriques, passionnées, politiques. Ses opinions ne pâlissent pas d'un ton avec la venue de la maladie, loin de là. Extrêmement touchant de le voir vouloir aller au bout de son discours, au bout de ses mots. Le jeu d'acteur rend très bien par de simples et exacts détails l'avancement de la maladie, errances et absences livrées très finement, l'agitation des mains, les yeux qui déconnectent. Très très juste.  Le texte de ses envolées est jubilatoire. La fougue dans le rendue est jouissive, nous regrèterons aussi qu'il ne puisse plus les rendre tout autant avec l'avancement de la maladie. Très habilement mené et rendu ! 

Le rythme est problématique ou la peur des émotions réelles ?

Après avoir passé les moments loufoques, lorsque les moments déchirants, paniquants, blessants, où chacun s'aperçois que l'être aimé nous quitte malgré sa présence physique, quand nous devons faire le deuil de ces mots que nous n'entendrons pas/plus, lorsque les grands choix doivent se faire, quand l'énergie nous manque, quand l'émotif prend toute la place et que notre jugement n'arrive plus à nous guider...ces moments là arrivent mais pas vraiment dans la pièce. 

Tous ces moments si importants à aborder, à vivre sont trop rapidement montrés, non vécus sur scène. Le rythme de la mise en scène est à remettre en question ou le texte était-il construit de la sorte ? Je n'ai pas lu le texte, non plus la traduction de Bobby Theodore. Cela m'a laissé comme impression que, soit l'auteur a eut trop peur d'y entrer, ou que les acteurs, par la mise en scène, n'ont pas réellement su nous communiquer ces nuances subtiles, nécessaires et tellement humainement tragiques. Les petites déconstructions personnelles, d'humain, d'adulte, d'enfant, de femme...les petites morts que traîne avec elle cette maladie tant pour la personne atteinte que pour le noyau autour...dommage. J'ai senti de l'évitement et c'est ce qui aurait rendu cette pièce grandiose, vraie et essentielle.

 

Scénographie

Le travail scénographique de Eo Sharp était poétique et habité. J'ai beaucoup aimé l'utilisation en hauteur (deux paliers) de la scène qui nous permettait de suivre l'histoire en extérieur avec les projections. Les divisions étaient très ingénieuses et habillement vécues. Les câbles d'acier un peu partout, rappelant l’esthétique d'un loft devenait source de lumière déviée pour rappeler les étoiles en extérieur, ou lumières magiques d'intérieur. 

 

Jusqu'où aller trop loin dans leurs délires

La présence de cette ado, Bérénice, pas mal intensément ado, jouée par Amanda Silveira, offrira de très beaux et touchants moments. Relation porc-épic au départ, elle rentre dans l'épais brouillard mental d'Édouard, lui rappelant sa fille décédée. Puis elle plonge dans cette réalité altérée, pour panser des plaies anciennes, pour offrir encore des moments tendres, pour avoir une réelle connexion avec un humain, profondément beau. J'ai beaucoup beaucoup aimé le non jugement de l'auteur sur ce volet. Est-ce bon ou mauvais comme décision ? Qui sommes-nous pour juger. Cette alliance donna lieu a du bon, l'actrice offra, selon moi, les plus vrais échanges et morceaux émotifs (en plus bien sur de Jean Marchand). 

Prisonnier de ces non-moments présent, je retiens : This sikness is slowly earasing who I am...

 

Je termine avec cette interrogation...

Est-ce que les moments vécus, partagés valent 

moins s'ils ne sont pas remémorés ensuite ? 

Bon spectacle !

Audrey Desrosiers 

Go Down, Moses, Roméo Castellucci

nelson mederik

Dans le cadre du sublime Festival TransAmériques de 2016 (que je ne manquerais pour rien au monde) Roméo Castellucci (metteur en scène, plasticien, scénographe) nous offrait sa plus récente création Go Down Moses (vidéo du trailer ici à voir absolument) au théâtre Denise Pelletier à Montréal.
Les circonstances de vie ont fait que tristement, je jour J arrivait et je n'avais toujours pas achetés mes billets......

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