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Eva et Franco Mattes; l'avant - après internet qui façonne

Arts visuels

Eva et Franco Mattes; l'avant - après internet qui façonne

nelson mederik

Le personnel est politique. Nous le savons. Nous avons besoin de se le rappeler… souvent. Eva et Franco Mattes ont choisi, depuis le milieux des années 90, d’en faire le sujet central de leurs propositions artistiques. « Comment les sociétés contemporaines ont façonné Internet et inversement celle dont Internet nous façonne. »

Détachés et déconnectés ?

Au tout début de ce parcours-introspection, 2 installations vidéo (My generation et Emily’s video) placent le spectateur dans la position de recevoir les émotions transmises et vécues puissamment par les observateurs filmés.

Détachés ? Nullement.

D’abord, dans My Generation, les images ultra connues, vues et revues de ces joueurs en ligne qui perdent la tête lorsqu’ils échouent à leurs parties, avec cet ordinateur en guise de mise en bouche, détruite, au sol d’où sortent ces cris stridents. Puis, Emily’s movie ; ces étrangers qui ont accepté de visionner un film issu du Dark Web et d’être filmés pendant le visionnement. Nous regardons ceux qui regardent.

Et les émotions restent. Fortes.



L’installation BEFNOED (By Everyone For No One Every Day) est l’illustration parfaite de leur vision et contribution aux internets et à l’amoncellement de contenu sans autre but que celui de mettre en ligne sans attente de vues ou de repartages. Lancés dans des réseaux périphériques au Brésil ou encore en Chine dans ce but avoué, ces « vidéos commandes » existent et errent depuis.

Nous sommes totalement transportés dans We Leave in Public type de pionniers. Des travailleurs anonymes ont accepté de suivre les instructions des créateurs et de se filmer. Un tant soit peu malfaisant, l’inconfort est partagé-vécu également par la position à prendre pour le spectateur.

Du pur bonheur et, quelle efficacité !

Ceiling_Cat.jpg

Famous Celling cat - LOLcat

Même s’il est le plus connu, il nous est présenté à la fois de façon creepy et mignonne, métaphore de ces fameux internets qui, en tout temps, nous observent et nous terrorisent.

On ne pouvait y échapper. Il y est !


Modération de contenu

Montés sur des panneaux d’isolation sonore, Abuse Standards Violations : ces gabarits obtenus via des travailleurs-policiers d’internet qui bossent pour Facebook et Google soulèvent bons nombres de questions. Mis à jour chaque semaine, ces inconnus épargnent nos pauvres psychés des plus grandes horreurs.

Qui pose ces règles ? Comment s’établissent les normes de ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas… ?Avons-nous besoin de ces gardiens de la morale ? Ces contenus sont-ils réellement à faire disparaître ? Qu’arriverait-il si tout ce qui est mis en ligne était réellement disponible ? Quels changements apporteraient-ils dans notre inconscient collectif et dans nos actions de tous les jours ? Veut-on de ce bon père de famille pour nous préserver ?




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Dark net ou Dark side of

Avec des centaines de mètres de filage en réseau fermé, ils poursuivent leur partage absolu avec ces milliers de photos partagées sans interruption mais sans destinataire. La structure, qui recoupe les 3 étages à La Fondation Phi, s’offre à voir sous différents angles sans pourtant ne rien réellement montrer. Pourquoi partageons-nous nos images ? Ces photos de souper, de soirées, de gens insignifiants pour les autres… si nous même ne re-consultons pas ces clichés, pourquoi donc les offrir aux étrangers ? Ces partages doivent bien venir répondre à certains besoins… créés ou réels ? Se pose-t-on encore la question… ?



Partage de tout, tout, tout (n’est-ce pas déjà le cas ?)

Ces artistes avaient déjà mis la main dans l’engrenage, sorte d’art total en rendant publique et accessible tout le contenu de leur ordinateur (emails, photos œuvres, fichiers, relevés bancaires) pendant 3 ans, voulant questionner l’effacement des frontières publiques-privées, la surveillance de masse, la performance du soi sur le Web et l’augmentation du voyeurisme et de l’exhibitionnisme.

Ils proposent aujourd’hui une expérience sur 13 ans.

Le summum : au sous-sol, cette projection qui offre donc 13 années de vie en photos (2004-2017), d’un certain Ricardo. Puis, très absurdement, nous, spectateurs qui, avec notre cerveau qui n’apprécie pas ce qui n’a pas de fin, recevons donc ces heures, ces années de partage sans signification réelle, de sa vie.

Photos ratées, photos de places de stationnement pour se remémorer, photos de map du chemin du retour, photos floues… ils n’ont dont rien édité. Tout y est, tel que partagé. Et nous… on reste. Il n’aurait manqué qu’une caméra nous filmant en train de recevoir ces absurdes nombres de moments pour que l’abime soit complète! Et on reste. Et on s’interroge. Ces images en intégralité sont disponible sur le site de Withney Museum of American Art, juste ici.


Fondation Phi pour l’art contemporain

What has been seen

du 8 novembre 2019 au 15 mars 2020.

Commissaire invitée Erandy Veraga

*Ils seront de retour en février 2020 pour une performance, à suivre !