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Théâtre

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Errances... Le cœur de Mélanie Binette

nelson mederik

@Patrick Ma.

@Patrick Ma.

Extrait du site Au Milieu de Nul Part… détails de la performance proposée :

Le 12 décembre 2002, un homme succombe à une crise cardiaque devant le parvis intérieur du Théâtre Maisonneuve. 17 ans plus tard, sa fille, l’artiste Mélanie Binette, décide de revisiter le deuil de son père en créant une performance in situ pour un.e spectateur-trice à la fois. Errances interroge la façon dont le deuil s’inscrit dans la ville, la mémoire de l’intime se fondant dans l’espace public. Un parc, un édifice, une envolée de marches peuvent nous rappeler un défunt. Quel intérêt avons-nous à y retourner par la suite, comme sous la forme d’un rituel païen? L’artiste guide chaque spectateur-trice main dans la main à travers un parcours audio, un dispositif immersif mixant l’environnement sonore en direct avec le texte de la performance. Les spectateurs-trices redécouvrent ce lieu fondateur de la vie montréalaise en y épluchant les différentes couches d’histoires enfouies sous le parquet du complexe culturel. Le souvenir de la dernière marche d’un homme pourra-t-il éclairer le passage du temps, rappeler ce qui a disparu de ce site?


@Audrey Desrosiers

@Audrey Desrosiers

L’intimité au creux de la main. La sienne.

Mélanie m’attendait sur son banc. Juste moi. Heureuse à l’idée de vivre cette performance, j’étais fébrile. Calme, à l’écoute et rassurante, quelques consignes. Faciles, instinctives.

Puis elle pris ma main.

Ça donne le ton.

D’emblée, faut être fichuement à l’aise avec l’intimité… je ne savais pas encore qu’elle allait aller beaucoup plus profondément dans son-notre intimité. Nous partager du vulnérable-vrai et nous y conduire avec bienveillance.

J’accepte le pèlerinage.

@Audrey Desrosiers

@Audrey Desrosiers

Vit-on le futur en continu?

“Le passé est précieux parce qu'il est difficile à saisir ; on l'agrippe que par fragments. Tandis que notre expérience du futur est sans interruption : c'est un récit imaginaire qui se renouvelle constamment. Un temps. Parfois, le passé est pris dans un cycle qui nous empêche d'avancer. Une boucle qui nous piège sous le poids de l'existence. La ville étale son béton au-dessus de nos têtes, matériau ambivalent devant un passé qui s'érode et un futur qui se réinvente. Nous nous dressons devant le flux du présent à chercher du sens, à éviter la mort ; la nôtre tout comme celle des autres.”

Guidée de sa voix, cette procession nous emmène dans ce parcours imaginé-rythmé où il nous n’est possible que par la magie de cette performance de vivre ces mémoires douces, ces moments précieux passés dans cette ville qu’elle connait de cœur, qu’elle a habité avec son Père. Les odeurs, les passants qui deviennent acteurs du moment, les ados faisant chanter le piano publique… tout semble s’animer pour donner corps à ce récit. En utilisant la vie et la ville, ce lieu gardien d’une partie de son cœur semble accepter de se dévoiler, laissant cette petite ouverture dans laquelle elle nous invite à traverser.

Un serrement de main… on marche.

Lève les yeux, observe.

Autre serrement de main. On marche.

La démarche semble “on point ”. Comprendre ce passé partagé, chéri, aimé, pour saisir l’immense cratère que laissera cette fin que l’on connait déjà. Puis, en déambulant, on comprend l’importance de ces étapes dans le deuil. La construction de l’autour qui donne de la réalité au dedans. Étudié, repassé, remarché, repensé… A t-elle eu besoin de le revivre autant pour parvenir à y voir plus clair?

Mon père que je cherche mais ne trouve plus ”. Elle me dira plus tard avoir fait le trajet-perfo avec sa mère la veille, ce qui m’émeut immensément. Rituel guérison du gros ensemble-doux pis de la catharsis en masse. C’est touchant. Elle est belle, humaine, vraie, généreuse, sensible. Sa voix m’habita longtemps après la séance. Je pense que cette performance s’apprécie en longueur, avec du temps (bien entendu en le vivant avec elle, mais… aussi ensuite). De retour dans notre vulnérabilité et notre intimité.

@Audrey Desrosiers

@Audrey Desrosiers

Rendre les lieux compréhensibles, comme un acte ritualisé pour répondre à ce besoin de sens du deuil à poursuivre.

Est-ce un besoin d’enfant, d’avoir besoin de comprendre, de donner du sens, de trouver du sens… Seraient-ce ces besoins qui la guidèrent dans son parcours artistique ensuite ? N’est-ce pas un besoin commun, de faire comprendre à l’autre ce par quoi nous passons, ce besoin de partage émotionnel, de notre réalité… Les étapes « du deuil » se sont étalées pendant plus de cinq ans. Plusieurs années de recul post événement ont dû passer. Les autres besoins sont restés. La proposition est née.

La Place des Arts toute en poésie, en innovations explorées comme dernier lieu de repos, expliquée avec un regard questionnant et généreux. Un père en architecture émotionnelle de vie, une ville comme base à la sienne, ce mariage est réellement bouleversant.

@Audrey Desrosiers

@Audrey Desrosiers

« On m’a amputée de mon père… j’ai dû réapprendre à marcher », ce qu’elle nous propose… en l’accompagnant par la main.

Très touchant également, l’absence de jugement sur leur relation et ses liens qui vivaient entre elle et son père. À aucun moment, elle verse dans le mélodrame, c’est très digne, presque Universel ! Elle nous offre son trajet personnel, mais dans ce que ses émotions peuvent offrir, démontrer et vivre en nous.

Être sur ces lieux avec elle, dans une proposition où souvent nous avons entendu : « les spectateurs n’ont pas besoin d‘être pris par la main ». Et ben, oui parfois !

@Audrey Desrosiers

@Audrey Desrosiers


Elle poursuit ses processions jusqu’en novembre… Elle se sera immergée au total 120 fois… avec nous, avec vous… Je ne saurais suffisamment vous recommander d’aller vivre cette grande expérience !

Du 16 octobre au 24 novembre, 4 fois par jour, un.e spectateur-trice à la fois

du mercredi au vendredi: 16h, 17h30, 19h30, 21h

samedi et dimanche: 14h, 15h30, 17h30, 19h