Journal d'une femme artiste en temps de pandémie (1 de 4)
nelson mederik
Allô, je prends une pause.
Je tente de.
De prendre une pause.
Mon corps me dit de plusieurs manières, allô, peux-tu t’arrêter un peu ? Peux-tu relaxer ? Repose-toi donc s’il te plaît. Aurais-tu oublié que tu es activement en création d’un autre être humain ? Que tu partages ton corps et toute ton énergie à cette création, à l’élaboration vivante de cette œuvre d’art ?
Allô, allô, je te demanderai de t’arrêter un peu. Juste le temps de souffler, juste le temps de prendre le temps. De vivre les coups de pieds, les caresses du dedans, les retournements de tous les côtés de l’être qui glisse contre les parois de ton corps. Tu sais, oui, le temps coule. Mais le printemps n’est qu’en préparation. Tu as encore le temps. Et puis le Québec, l’Amérique, le monde terrestre se repose encore. Prends le temps. Laisse-toi bercer par la mer. Laisse-toi endormir par le vent. Écoutes encore ton chat ronronner. Ta fatigue, accueilles la. Prends ton temps. Prends tout ton temps. Tu vis ce qui ne se répète pas. Ce qui n’a lieu qu’une seule fois. Un levé de soleil. Une pleine lune. Un coup de pied. Un chat qui miaule. Une vie aux allures incertaines, violentes, fleurissantes. Une vie de questionnements, d’amour à distance, de forte portée poétique. Une vie entre mer et sous-bois. Aucune des heures, des journées, des semaines écoulées ne reviendront. Prends donc ton temps, tout ton temps, pour goûter chaque pas, vivre chaque respiration, veiller chaque larme. Prends le temps de reprendre tes forces, de refaire ton plein d’énergie, de contempler tes courbes, de déguster des fruits. Prends le temps. De vivre tes parents, de perdre ton temps, d’avoir mal à certains endroits. Prends le temps d’avoir le droit. Les idées ça va, ça vient, ça vol. Si quelques-unes se perdent, d’autres se pointent. Il y a toujours ce va et vient.
Les idées c’est vivant. Ça ne se perd pas. Ça se remplace ou ça se transforme.
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